Motiver ses équipes reste un véritable challenge pour un grand nombre de responsables en entreprise. De plus en plus de managers de grands groupes comme de start-up sont friands des jeux et y ont souvent recours.

Avec les centaines d’outils digitaux et de techniques de jeu à disposition des managers, la gamification se développe à grande vitesse dans les entreprises. Cette technique s’inspire de la conception des jeux vidéo et de la psychologie derrière les jeux à succès.

L’objectif ? Accompagner les collaborateurs dans la réalisation de certaines tâches, améliorer la réflexion collective ou la stratégie marketing et les processus de la relation client ou encore créer à la fois de la cohésion entre eux et de la motivation individuelle comme collective. Car un salarié motivé a toujours plus envie de travailler et donc d’être performant dans les tâches à exécuter. En mettant en place des challenges et des mécanismes de récompense, le jeu a alors un impact sur l’implication du salarié dans l’entreprise. Bluewolf, une société spécialisée dans les conseils et services cloud a ainsi lancé un programme de jeu social interne pour booster sa force de vente et sa communication interne. Résultat ? L’entreprise a enregistrée une hausse moyenne de 20 à 25% de productivité.

Pour beaucoup, la gamification est un levier intéressant pour emmener les collaborateurs dans de nouvelles logiques, le tout dans un esprit de détente. Car elle peut être adoptée sous différentes formes et dans un tas de situations telles que la fidélisation des employés (comme dans un jeu vidéo), pour faire comprendre un message ou pour inciter à l’action.

« Les challenges sont pensés efficaces dans la vente ou la gestion de dossiers, c’est pourquoi les entreprises recourent au jeu de rôles pour la formation des cadres ou encore font appel à des jeux comme les escape games ou les jeux de construction pour souder et motiver une équipe », précise Emmanuelle Savignac, anthropologue et maître de conférences à l’université Paris 3 Sorbonne nouvelle, spécialisée sur les questions de jeu en entreprise.

Le jeu adaptable à toutes les finalités

Le jeu peut être utile tant dans la gestion de projet que dans l’utilisation d’un CRM, l’animation commerciale ou encore dans le recrutement et l’onboarding de salariés arrivant dans l’entreprise. L’Oréal a ainsi lancé dès 2010 « Reveal », un jeu de recrutement en ligne permettant aux candidats de circuler virtuellement dans les bureaux de L’Oréal et de gagner des points selon leur rapidité pour résoudre différents types de jeux (puzzle, quizz…). De même, la start-up CodinGame propose aux développeurs de challenger leurs compétences en s’exerçant sur une plateforme de jeu vidéo.Tous les jeux sont basés sur des scores, des niveaux, des challenges, des classements, de la collaboration, de la reconnaissance et d’autres mécanismes qui accrochent les joueurs. Avec à la clé l’aspiration à progresser et à apprendre, à surpasser les autres ou soi-même, à interagir et à découvrir.

« Rares sont celles et ceux qui n’ont pas expérimenté au sein de leur environnement de travail un jeu de rôles, un quiz ou un challenge, souligne Emmanuelle Savignac. La palette du jeu étant particulièrement large et son usage reconnu dans les pratiques de formation ou de communication, il est adaptable à de nombreuses contraintes et finalités ».

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Un outil régressif ?

La gamification rencontre pourtant bien des critiques. À commencer par le côté infantilisant que représente le jeu. Il est en effet vu comme une activité imposée qui n’a rien d’innocent et qui aurait pour objectif de « classer » les salariés. « Le jeu, souvent infantilisant et régressif, permet d’intégrer le fait qu’il y a nécessairement des gagnants et des perdants. », souligne Mathilde Ramadier dans son ouvrage Vous n’espériez quand même pas un CDD ?

Emmanuelle Savignac tempère ces propos. « Le jeu fait partie désormais d’une tradition dans les pratiques de formation. Selon elle, il est central dans les apprentissages de la toute petite enfance et on le retrouve aussi plus tard dans les cursus d’école de management. Pour les jeux de simulation et de rôles, l’objectif est de « mettre en situation ».

Mathilde Ramadier, aussi auteure de Bienvenue dans le nouveau monde ou comment j’ai survécu à la coolitude des start-ups, évoque également le jeu comme un outil destiné à surveiller les salariés et à influer sur leurs comportements. Selon Emmanuelle Savignac, « le jeu est censé rendre plus agréables les apprentissages et favoriser, par une ambiance détendue, les échanges. Mais les entreprises qui utilisent le jeu pour améliorer les conditions de travail font fausse route, car on ne peut pas réduire la question du bonheur au travail aux pratiques ludiques ».

 

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