Avec le développement de l’intelligence artificielle, les objets connectés (ou IOT, Internet of Things en anglais) connaissent un véritable succès en France comme dans le reste du monde. Tous les secteurs sont concernés et les entreprises s’adaptent aussi à cette révolution numérique. Avec pour objectif une meilleure qualité de vie au travail et des bénéfices en termes de santé. Reste que les entreprises doivent veiller à la gestion des données de leurs salariés.

En 2017, d’après une étude d’OpinionWay, 52% des Français possèdent au moins un objet connecté en plus de leur smartphone et en 2020, chaque individu aura en moyenne trois objets connectés sur lui. D’ici là, deux milliards d’objets de ce type seront vendus en France.

À l’échelle mondiale, selon les données de Statista, 23 milliards d’objets connectés sont dénombrés. Un chiffre qui devrait atteindre 30 milliards en 2020.

Ce phénomène touche tous les secteurs de la société, et depuis peu, celui du travail. D’après une étude d’Aruba, filiale de Hewlett Packard, publiée en 2017, plus de la moitié (57 %) des entreprises ont déjà adopté l’internet des objets et, d’ici l’année 2019, ce chiffre pourrait bien passer à 85 %.

Et pour cause : ces objets offrent de belles promesses. Ils ont pour caractéristique d’interagir entre eux et avec des individus via des réseaux de communication. Ils collectent des données relatives à l’état d’une personne et à son environnement.

Prévention santé au bureau

Les entreprises et les ressources humaines s’y intéressent d’abord dans un objectif d’amélioration de la santé des salariés. Selon une étude de Malakoff Mederic avec le Boston Consulting Group, 60% des dirigeants et 69% des managers estiment que l’intelligence artificielle va permettre de développer la prévention santé grâce aux objets connectés.

Dans le milieu industriel, certains chefs d’entreprises utilisent des technologies tels que les capteurs chimiques (62 %) et les systèmes de préparation de commandes (46 %) pour réduire le risque opérationnel et les arrêts de travail, précise le rapport Aruba.

Bracelets connectés pour mesurer l’activité physique des employés, boîtiers ou vêtements avec capteurs de pénibilité permettant de comptabiliser les heures d’exposition au bruit ou à des températures élevées, chaise qui ajuste le dossier en temps réel afin d’améliorer les conditions de travail en entreprise et ainsi de diminuer les arrêts maladie sont autant d’exemple de l’IoT appliqué au milieu professionnel. Au final, la productivité s’améliore et l’entreprise comme les salariés sont gagnants. Linkedin a même expérimenté pour sa part un enregistreur d’activité qui évalue le niveau de stress des salariés, quien cas de pic, propose des exercices de relaxation.

Quotidien et recrutement facilités

Les objets connectés, comme les écouteurs et enceintes antibruit (Silent Space) ou les robots antipollution (Diya One), permettent de réaménager les espaces de travail pour favoriser la concentration des salariés et leur vie au bureau. De nouvelles technologies comme la Rubix Pod permettent d’analyser en temps réel la qualité de l’environnement des collaborateurs en mesurant des paramètres comme les particules allergènes, la luminosité ou encore les nuisances sonores.

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Le centre d’affaires suédois Epicenter est novateur en la matière. Il a été le premier à proposer à ses collaborateurs (sur base de volontariat) de se faire implanter des puces RFID pour faciliter leur quotidien dans les locaux de la société. Elles permettent d’entrer et de se déplacer facilement dans les bâtiments, de faire des photocopies et même de payer leurs repas.

Les objets connectés ont aussi fait leur entrée en matière de recrutement. Le recruteur peut utiliser des lunettes connectées pour consulter en direct le profil en ligne du candidat et enregistrer l’échange. Des stylos connectés transfèrent quant à eux en temps réel des notes manuscrites vers l’ordinateur.

Gare aux dérives

Si les entreprises misent sur ces objets connectés pour améliorer la vie au travail, elles doivent en amont appréhender des problématiques importantes. Et notamment la question de la gestion des données, qui peuvent être utilisées à des fins de surveillance. Dès qu’un objet connecté est associé à l’identité de la personne qui le porte, les données deviennent personnelles. Les entreprises doivent alors être vigilantes, car ces informations sont encadrées par la loi Informatique et libertés de 1978. Une législation renforcée avec le nouveau RGPD, notamment par l’ajout d’un droit à la portabilité des données, le droit à l’oubli ou encore le droit d’opposition au profilage.

Plus encore, certaines entreprises pourraient abuser de l’utilisation de ces objets dans l’unique but d’améliorer la productivité de leurs salariés. En Chine, par exemple, plusieurs groupes utiliseraient des capteurs pour surveiller la vie émotionnelle des salariés et ainsi prendre des décisions en fonction (changement de poste, repos imposé…). Selon Vincent Grosjean, chercheur à l’INRS, dans son rapport de septembre 2016, « le risque est de transformer ces idéaux de santé ou comportementaux en prescriptions quasi impératives du fait du rapport de subordination qui lie le salarié à l’employeur ».

L’une des principales dérives de ce système pourrait alors être un hyper contrôle des comportements et des performances et l’instauration d’une forme de concurrence entre salariés. Le chercheur préconise un encadrement éthique des usages afin de conserver les avantages de ces technologies en termes de préservation de la santé des salariés sans en accepter les dérives.



Cet article est paru initialement sur re.sources, le laboratoire de réflexion et d’action sur l’emploi du groupe Randstad France.

 

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