Durant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron a déclaré son intention de faire de l’égalité professionnelle hommes-femmes une grande cause nationale du quinquennat. Derrière cette déclaration se cache une autre réalité. Supprimer les inégalités salariales entre hommes et femmes dans les entreprises pourrait se révéler un levier fiscal intéressant et une solution à la réduction du déficit français. Explications.

Les inégalités, où en est-on ?

Les hommes continuent à être mieux rémunérés que leurs homologues féminins, à être plus en activité et à atteindre les postes les plus hauts placés. À l’échelle mondiale, l’Organisation internationale du travail a ainsi démontré dans sa dernière étude que si 70 % des femmes souhaitent travailler, elles ne sont que 49 % à être actives. Avec des taux pouvant dépasser les 50 points d’écart selon les pays. Une fois entrées sur le marché du travail, les femmes font face à d’autres difficultés, avec un taux de chômage moyen de 6,2 %, contre 5,5 % pour les hommes en 2017.

Le rapport souligne le fait que, même si l’écart salarial entre hommes et femmes existe dans tous les types d’entreprises, il est particulièrement marqué dans celles où les salaires moyens sont élevés.

En France, l’écart de rémunération, toutes choses égales par ailleurs, est de 9,6 % en moyenne selon l’Insee. La tendance se creuse chez les cadres et chefs d’entreprise avec des différentiels atteignant 26,3 %, contre 9,3 % pour les employés. Plus globalement, au sein de l’Union européenne, les femmes gagnent 19,1 % de moins que le salaire médian des hommes (données OCDE).

L’égalité salariale, quel gain pour l’économie ?

Face à ces écarts importants, des études démontrent qu’il serait bon d’agir et vite afin de les résorber, car une plus grande égalité de traitement aurait un réel impact sur l’économie de chaque pays.

Selon l’Organisation internationale du travail, les bénéfices de l’égalité seraient d’abord économiques. Atteindre l’objectif fixé par le G20 en 2014 (réduire l’écart de 25 % entre hommes et femmes d’ici à 2025) permettrait d’accroître l’emploi au niveau mondial de 189 millions de postes, soit une progression de 5,3 %. Dans les pays développés, cette hausse serait de 3,3 %. Au total, le PIB mondial pourrait progresser de 3,9 % en 2025.

Le cabinet de conseil Mc Kinsey estime pour sa part que la parité en entreprise offrirait 12 000 milliards de dollars de Produit national brut d’ici à 2025, si les sociétés venaient à réduire leurs écarts de salaire. Soit un point de croissance supplémentaire par an.

En France, la retombée économique d’une stricte égalité serait de 44,3 milliards d’euros, souligne l’OIT. En 2016, France Stratégie avait tenté d’évaluer le coût économique des discriminations. Il estimait que si le taux d’emploi des femmes et leur rémunération étaient égaux à ceux des hommes, le PIB de la France bondirait de 6,9 %.

Erwann Tison, coordinateur des études à la Fondation Concorde, a mené une enquête à titre personnel en s’appuyant sur les données du tableau comparatif réalisé par l’Observatoire des inégalités. Il a ainsi estimé qu’en offrant un salaire égal aux hommes et aux femmes, l’économie française aurait à y gagner en termes de consommation et sur le plan fiscal.

« L’absence d’égalité salariale représente un manque à gagner pour la France d’environ 62 milliards d’euros par an », assure-t-il.

Dans le détail, l’État gagnerait 3,8 milliards d’euros supplémentaires par an via la TVA et 5,5 milliards d’euros en impôt sur le revenu. Les cotisations sociales et patronales progresseraient de 25 milliards d’euros par an. « Soit au total pour l’État un gain de près de 34 milliards d’euros ou la moitié du déficit actuel », précise l’économiste. Le secteur privé serait aussi gagnant avec une hausse de la consommation de 22 milliards d’euros et une épargne en progression de 6 milliards d’euros.

Comment parvenir à l’égalité salariale ?

Au plan mondial, l’OIT recommande de redéfinir les rôles dédiés à chaque sexe et d’améliorer l’égalité dans les conditions de travail. Pour y parvenir, l’organisation compte sur les législations et les processus de négociation collective. Elle préconise la mise en place de sanctions dissuasives en cas de non-respect des législations par les entreprises. Mais plus globalement, elle estime que c’est dès le plus jeune âge et donc dans l’éducation que le sexisme doit être combattu. Pour Steven Tobin, principal auteur du rapport, « Nous devons commencer par modifier notre conception du rôle  des femmes dans le monde du travail et dans la société ».

Dans son rapport, McKinsey a pris en compte 3 indicateurs qui permettent de tendre vers l’égalité salariale : le taux de femmes qui travaillent, le nombre d’heures travaillées et faire en sorte qu’elles travaillent dans des secteurs à plus forte valeur ajoutée qu’aujourd’hui. Selon l’étude du cabinet, l’impulsion du changement doit venir des entreprises, qui peuvent en faire une priorité. Il suggère aussi la mise en place d’indicateurs sur la mise en œuvre de la parité en entreprise, en plus des indicateurs sur les résultats. Au Royaume-Uni, une loi est ainsi entrée en vigueur en avril afin d’obliger toutes les entreprises de plus de 250 salariés à publier avant la fin de l’année les différences salariales entre employés des deux genres.

En France, Erwann Tison estime que la solution pourrait venir de la mise en place d’un système de bonus et malus sur le taux d’imposition sur les sociétés. « Les entreprises qui respecteraient les règles seraient récompensées par un taux plus faible alors que les entreprises hors la loi verraient leur taux augmenter au-dessus de la moyenne, explique-t-il. On peut également conditionner le versement du CICE au respect de cette égalité par les employeurs ».

Dans son dernier rapport, le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes recommande de nommer à l’Élysée ainsi qu’à Matignon « un/e conseiller/e dédié/e aux droits des femmes » et d’affecter un référent à l’égalité au sein de chaque ministère. Parallèlement, il suggère d’instaurer des indicateurs de l’égalité, qui permettraient mensuellement, à l’image de ce qui est fait sur le chômage, de vérifier l’évolution des progrès en matière d’égalité.

Dans tous les cas, selon le Forum économique mondial, il faudra attendre 2187 pour atteindre une égalité salariale entre les femmes et les hommes…

Publié dans : Resources.grouperandstad.fr

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