Il y a, dans l’univers des ressources humaines, quelques phénomènes de mode : il en va ainsi des open spaces, solution passe-partout au « silotage » ; du bonheur, clé de l’engagement » ; ou encore du travail indépendant, annonciateur du future of work. Sur chacune de ces questions, après une phase d’enthousiasme, l’excitation retombe, rattrapée par l’austère réalité des études universitaires : l’open space ne résout pas tous les problèmes de collaboration, le bonheur ne se décrète pas, le salariat résiste obstinément.

Mais s’il est un sujet sur lequel le consensus transcende les clivages, c’est bien celui des compétences numériques et de la formation professionnelle. Savoir naviguer dans un univers où le numérique devient aussi commun que l’air qu’on respire, apprendre à faire évoluer ses compétences au rythme des transformations de l’économie : voilà désormais des qualités particulièrement prédictives de l’employabilité que l’on soit jeune, âgé, peu, moyennement ou très qualifié. La maîtrise d’un socle de « skills » numériques est désormais incontournable.

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La Commission européenne, qui s’est donnée pour objectif de constituer un marché commun numérique, estime par exemple que 90% des emplois à l’avenir requerront d’importantes compétences numériques aujourd’hui non maîtrisées par près d’un Européen sur deux (44%) âgés de 16 à 74 ans[1]. En 2020, dans le seul domaine des technologies des informations, environ 500 000 emplois ne pourront être pourvus dans toute l’Europe. L’Europe apparaît en outre coupée en deux : d’un côté les pays du Nord, Grande-Bretagne incluse, relativement bien armés pour faire face au monde du travail de demain, de l’autre l’Europe du Sud. Et au milieu, dans le  « ventre mou », comme souvent, la France. La France a d’ailleurs récemment réalisé un ‘état des lieux de l’ « illectronisme », dans le cadre du « Tour de France des oubliés du numérique » porté par le secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi : on compterait ainsi 14 millions de Français peu ou mal à l’aise avec les technologies internet de base (comme le fait d’écrire un email…)[2].

De nombreuses enquêtes proposent des photographies comparables du marché du travail. L’originalité du Randstad Workmonitor est de se pencher chaque année sur cette question des compétences mais avec un angle plus dynamique et culturel : il s’agit de prédire, grâce à un panel international de 34 pays, ceux qui ont le plus de chance de sortir gagnants de cette nouvelle forme de compétition. L’objectif est également de donner quelques clés aux pays mal placés pour qu’ils puissent changer la donne. Au rythme où les choses évoluent, on a vite fait de décrocher – mais inversement, un rattrapage semble toujours possible.

Posons d’emblée le diagnostic pour la France, que nous nous proposons de préciser par la suite : l’Hexagone apparaît un peu malade, et ne semble pas avoir totalement trouvé le remède. A la maladie française,  on pourrait donner un nom : « le cercle vicieux de la défiance face au numérique, avec tendance à chercher des boucs-émissaires (l’école et les patrons). Les Français ne semblent en effet ni franchement techno-enthousiastes, ni particulièrement impatients de le devenir. Passifs, ils attendent beaucoup, et sans doute beaucoup trop, de leurs institutions et de leurs employeurs pour mettre à jour leurs compétences. Car l’acquisition des compétences est plus que jamais une affaire de responsabilité individuelle. D’autres pays semblent plus en ligne avec cette nouvelle réalité du marché du travail, notamment ceux engagés dans une course contre-la-montre de rattrapage économique, et sans doute plus conscients des enjeux.

Découvrez l’étude complète en ligne :

Partie 1 : les fondements du techno-enthousiasme

Partie 2: la formation au numérique et la tentation du bouc-émissaire



Sources externes :

[1] http://ec.europa.eu/newsroom/dae/document.cfm?doc_id=47880

[2] « Pour une France connectée Plan national pour un numérique inclusif », Secrétariat d’état chargé du numérique, 13 septembre 2018, https://secretariat-etat.numerique.gouv.fr/files/files/20180913%20DP_Pl…

 

Cet article est paru initialement sur re.sources, le laboratoire de réflexion et d’action sur l’emploi du groupe Randstad France.

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