Les industriels français seraient-ils exagérément complexés par leurs concurrents allemands ? Font-ils face aux mêmes enjeux, notamment pour renouveler leurs effectifs ?Remarques et réactions spontanées de quatre professionnels qui ont assisté à la table ronde « Regards franco-allemands sur la compétitivité industrielle » organisée par Randstad Inhouse le 15 février à Paris.

Vibona Som-Bonnard

Procurement Services Delivery Manager (entreprise néerlandaise spécialisée dans les peintures et les produits chimiques et les produits de santé)

« Ce qui m’a frappée, c’est d’observer une ambition limitée des industriels français par rapport à leurs homologues allemands. Tout est dans la tête, et il n’y a pas de raisons d’estimer que les entreprises allemandes sont mieux armées pour exporter. Par ailleurs, le baromètre de Randstad Inhouse sur la compétitivité a montré que l’industrie française est culturellement moins orientée sur l’export. Là encore, il est toujours enrichissant de savoir précisément ce qu’en pensent les intéressés. Je constate qu’en matière d’ouverture internationale, l’état d’esprit des Français a beaucoup changé en quelques années. Chez les jeunes, l’anglais n’est plus un problème. Il faut juste faire en sorte que les plus talentueux restent en France ! »

Mustapha Zaouali

Directeur des opérations de Photobox (leader européen de produits personnalisées dérivés de photos numériques : développement, mugs, livres photos, toiles…)

« L’industrie française est sans doute mieux armée qu’elle ne le pense pour conquérir les marchés internationaux. Photobox, le groupe dont je fais partie, en fournit une intéressante illustration. Comme nous sommes sur un marché BtoC qui exige énormément de souplesse et de réactivité, nous venons de transférer sur notre usine française une partie non négligeable de l’activité livres photos d’une autre usine que possède notre groupe en Allemagne. Notre site français s’avère en effet beaucoup plus performant en matière de gestion des cycles de production. »

Philippe Gattulli

Président de Talog Solutions (entreprise française de transports et de logistique)

« J’ai longtemps travaillé pour un groupe allemand et j’ai constaté à quel point nos modèles de formation nous différencient. Mais aujourd’hui, des deux côtés du Rhin, l’enjeu du recrutement est crucial. Tout le monde se demande comment attirer les jeunes vers les métiers de l’industrie. Je m’avoue assez sceptique sur ce point car les nouvelles générations me paraissent rebutées par tout ce qui leur semble fatigant. Beaucoup de jeunes veulent devenir rappeurs, youtubers ou footballeurs. Ils sont très rares, aujourd’hui, à être intéressés par les métiers manuels. Il faudrait vraiment réussir à revaloriser ces filières. »

Patrick Rivet

Directeur général d’Eurotranspharma (entreprise française spécialisée dans la livraison de produits de santé)

« Au-delà des enjeux de compétitivité, je pense que nous avons un vrai problème d’entrepreneuriat en France. Qui entreprend réellement, aujourd’hui, dans notre pays, et comment ? Il me paraît extrêmement important de poser cette question. Et comme l’a dit le président-directeur général de GYS, Bruno Bouygues, il faut y aller !

En Allemagne, on retrouve cet état d’esprit, cette absence de peur, dans des entreprises qui sont souvent familiales. Il perdure même lorsqu’elles atteignent de relativement grandes tailles.

Par ailleurs, j’étais d’accord avec l’économiste Ludovic Subran (lire interview) lorsqu’il a pointé le problème de la culture de la production. En France, nos ingénieurs sont parfois un peu déconnectés des usines, alors qu’en Allemagne, beaucoup ont commencé leur carrière sur les lignes de production. Ils ont davantage le sens de l’efficience, de ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas sur le terrain. »

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