Convaincus que la désindustrialisation n’est pas une fatalité, neuf experts français ont synthétisé ce que leur a appris l’observation des systèmes étrangers et des initiatives prises dans différents pays. Ils ont ainsi publié en juin dernier, sous l’égide de La Fabrique de l’industrie, un ouvrage collectif intitulé « Cultivons notre industrie » et sous-titré « Un défi culturel, humain et territorial. »

La tendance pouvait sembler inéluctable. Entre 1980 et 2007, la mondialisation, les avancées techniques et l’essor des activités de service ont fait reculer l’emploi industriel français de 36 %. Et si la France a su préserver ses fleurons industriels dans de nombreux domaines et possède encore des territoires très dynamiques sur le plan industriel, la part de l’industrie manufacturière dans son PIB est passée de 14,1 % en 2000 à 10,2 % en 2016. « L’industrie est non seulement nécessaire à notre prospérité́ économique, mais aussi essentielle pour notre cohésion sociale et territoriale », souligne pourtant Thierry Weil, fondateur et délégué général de la Fabrique de l’industrie, dans la préface de l’ouvrage collectif « Cultivons notre industrie », publié en juin dernier par la Fabrique de l’industrie.

Ce que révèlent les voyages d’étude

Comment faciliter la production en France ? Pour tenter d’identifier certains éléments déterminants qui conditionnent le développement d’une industrie forte, les auteurs* se sont nourris de leurs voyages d’études dans six pays (Allemagne, Italie, Suisse, Angleterre, États-Unis et Corée du Sud). L’ouvrage propose ainsi une synthèse des enseignements qu’ils en ont tirés, de leurs expériences et de ce que leur ont appris leurs rencontres avec des chefs d’entreprise, des acteurs académiques et des décideurs publics.

Toutes considérations politiques mises à part…

Partant du constat que la France « dispose d’atouts et de potentiels d’amélioration considérables pour augmenter la part de valeur ajoutée de ses entreprises productrices de biens et de services » les auteurs assument toutefois un parti-pris : celui de « ne pas aborder en tant que tels les enjeux technologiques et de ne pas traiter le sujet de la fiscalité ou de l’environnement normatif européen de manière approfondie, laissant au lecteur la liberté de se tourner vers les nombreux rapports récents qui traitent, par filière ou de manière transverse, ces questions. » En revanche, ils expliquent avoir identifié trois axes prioritaires qu’ils développent dans l’ouvrage : la culture industrielle, la formation et les territoires.

Une image à redorer

Sur le plan culturel, tout d’abord, l’ouvrage pointe le déficit d’image dont souffre l’industrie française, en particulier auprès des jeunes. S’inspirant notamment de ce qui se pratique en Allemagne, les auteurs préconisent donc d’ouvrir les portes des entreprises au grand public et de renforcer les liens entre les filières d’enseignement et le tissu industriel. Cela peut prendre la forme de visites d’usines, d’immersions ou d’applications concrètes de notions apprises à l’école.

Et-si-on-sinspirait
Et-si-on-sinspirait

L’alternance, un levier à valoriser

L’ouvrage souligne aussi à quel point la formation, qu’elle soit initiale ou continue, représente un enjeu clé pour relever les défis industriels du XXIe siècle. L’observation du système de formation en alternance entre l’entreprise et l’école, notamment en Suisse, a conforté les auteurs dans l’idée que cette approche est à valoriser. Considérant aussi qu’il est important de reconnaitre le temps passé par les employés à former leurs collègues, ils proposent de comptabiliser ce temps dans le budget de formation de l’entreprise.

Encourager fiscalement la formation

Toujours sur le terrain de la formation, l’ouvrage rappelle que la transformation numérique des procédés de production implique une montée en compétences des salariés. Sur ce point, il est suggéré de s’inspirer du crédit d’impôt formation mis en place par l’Italie pour s’adapter aux technologies de l’industrie 4.0. Selon les auteurs, un mécanisme fiscal de ce type s’avèrerait efficace en France, en particulier pour inciter les entreprises à former leurs salariés aux outils numériques. Ils estiment même qu’une telle politique pourrait être élargie à d’autres formations.

Un enjeu éminemment territorial

Enfin, l’ouvrage note combien il est précieux, pour une entreprise industrielle, de pouvoir s’appuyer sur les atouts de son territoire : travailler en réseau avec les autres acteurs de son écosystème, notamment lorsqu’il s’agit d’exporter. Il préconise, là encore, de s’inspirer de ce que pratiquent les PME italiennes, qui exportent plus volontiers que leurs homologues françaises. Un « contrat local de réseau d’entreprises » permettrait ainsi à plusieurs entreprises, en mutualisant une ou plusieurs activités économiques, de renforcer leur capacité d’innovation et leur compétitivité. Bien sûr, les collectivités ont un rôle essentiel à jouer, par exemple pour aider les entreprises à regrouper sur un même lieu leurs activités de production et celles de leurs sous-traitants.

 

* Nawal Desindes (Air France), Charles-Henri Guillot (Transdev), Charles-Emmanuel Impallomeni (Aéroports de Paris Ingénierie), Antoine Lagoutte (DGGN), Christophe Mieyeville (GRTgaz), Caroline Mini (La Fabrique de l’industrie), François Robin (Atos), Jacques Tassy (RTE), Simon Desindes (Agence des participations de l’État).

 

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