Créé en 2020, le Haut-Commissariat au Plan est chargé d’animer et de coordonner les travaux de planification de l’État. Face à une balance commerciale toujours plus déficitaire, il a publié une étude sur la « reconquête de l’appareil productif ». Quels sont les biens actuellement importés qu’il faudrait, en priorité, recommencer à produire en France ?
Dans son étude, cet organisme rattaché au gouvernement part d’un constat. La France sait concevoir et fabriquer des produits de haute technologie comme des satellites, des avions et des voitures, mais elle est absente de la production d’autres biens nécessitant moins de savoir-faire qui doivent être importés : appareils ménagers, mobilier, textile…pour répondre à la demande intérieure.
Au global, l’économie française est plus tournée vers la consommation que vers la production. Cela impacte le commerce extérieur qui est en moyenne « déficitaire de quelque 75 milliards d’euros sur les dernières années, alors que le commerce extérieur allemand est excédentaire de plus de 200 milliards d’euros ». En quoi cette comparaison avec l’Allemagne est-elle pertinente ? Selon le rapport, « il n’y a pas de différence entre l’Allemagne et la France sur le coût du travail, la monnaie […], le niveau technologique qui permet d’accéder à la production de ces équipements ».
Pourtant les opportunités pour l’industrie française sont nombreuses. Tout d’abord, l’algorithmique et la robotisation rapprochent les coûts de production entre les différentes régions du monde. Autre enjeu précisé dans l’étude, « le défi climatique impose de réduire le transport des produits manufacturés ». Enfin, « l’opinion perçoit la nécessité de réindustrialiser la France pour créer des emplois et de l’activité, notamment en régions ». Dans ce contexte, quels sont les leviers pour le retour du made in France ?
Trois secteurs prioritaires
Après avoir passé au crible plus de 900 filières, le Haut-Commissariat a analysé leur impact sur la balance commerciale et les opportunités qu’elles présentent. Trois secteurs d’activité sont particulièrement opportuns car ils conjuguent plusieurs atouts : une demande nationale pérenne, des débouchés à l’export, un temps d’avance en termes de savoir-faire et d’innovation offrant des perspectives de compétitivité.
* les équipements de la maison
La situation est particulièrement paradoxale pour le mobilier en bois : « la France dispose de l’une des plus grandes forêts d’Europe et notre excédent commercial en bois ronds se situe autour de 200 millions d’euros, pourtant les meubles en bois pour les chambres à coucher affichent un déficit de plus de 220 millions d’euros ».
*la santé
« La France est en situation de vulnérabilité préoccupante », analyse le rapport, notamment face à une grande dépendance aux aiguilles, cathéters, attelles, gouttières…
* les produits agricoles et agroalimentaires
La France produit de nombreuses ressources alimentaires qu’elle exporte, puis importe des produits transformés dont la relocalisation serait possible. Par exemple, si la France est 1er exportateur mondial de pommes de terre, elle importe plus de 5 fois plus de chips qu’elle n’en exporte alors que des usines de transformation existent sur notre sol. Autre exemple, 1er producteur mondial de lin fibre, elle est déficitaire dans la production de vêtements ou de linge en lin.
Dans ce rapport très détaillé les exemples ne manquent pas !
et ensuite ?
Attente majeure des Français, la réindustrialisation est au cœur des débats de la présidentielle. Dans le contexte géopolitique actuel, elle apparaît d’autant plus importante pour réduire les dépendances. Au-delà de son constat chiffré, ce rapport a le mérite d’appeler, pour chaque production, à une réflexion qui intègre tous les maillons de la chaîne. C’est une cartographie globale accompagnée d’une boussole au service de la reconquête industrielle par un Etat stratège !